HeHe


Pour se voir en direct sur un écran, le grand public dispose de la visiophonie sur les téléphones portables ou du flux vidéo des webcams sur Internet. L'avantage de ces technologies est bien sûr de transmettre une information non verbale, leur revers, un caractère intrusif et brut.
C'est ce à quoi ont réfléchi les artistes Helen Evans et Heiko Hansen en concevant Miroir aux silhouettes, Mirrorspace dans son titre original. Pour élaborer cette installation vidéo, ils se sont fondés sur le travail de Edward T. Hall et la notion de proxémie, prenant en compte son évaluation des distances intime, personnelle, sociale et publique.
Le matériel de type caméra numérique qu'ils ont utilisé inclut un dispositif interactif permettant à ses usagers de décider eux-mêmes du mode visuel de leur communication. De loin, il s'agit d'un simple miroir dans son cadre de métal. Lorsqu'on s'en approche pour communiquer avec son interlocuteur, on voit, d'une part, sa propre image, diffusée avec un léger décalage, se superposer à celle de l'autre ; d'autre part, la localisation des correspondants – ou des objets – par rapport au miroir-écran est analysée par un capteur de proximité situé en son centre, qui détermine la définition des images transmises. Prendre de la distance équivaut à les flouter, la réduire améliore leur netteté. Et malgré son caractère virtuel et illusionniste, la relation interpersonnelle établie prend corps en quelque sorte, comme dans le réel, et sous une forme esthétisée.
Les artistes travaillent dans ce sens, d'abord en conciliant art et technique, ensuite en opérant des aller-retour permanents entre le fondamental et l'hyper-technologique.
À Istanbul, par exemple, dans le cadre du workshop Vroom (Vehicule of Registration and Omniscient Observationnal Mechanics), organisé en parallèle à la Biennale d'art contemporain, ils ont expérimenté un moyen de transport alternatif individuel qui utilise les rails du tramway. Il s'agit d'une petite plateforme recouverte d'un coussin qui repose sur deux roues en lignes et est équipée d'un moteur électrique. On se penche pour avancer, on se redresse pour stopper. De la même manière que dans Mirrorspace, le corps redevient actif, c'est son mouvement qui contrôle l'avancée et la vitesse.
Même ré-équilibrage dans Bruit rose, un dispositif installé dans un panneau urbain de type Decaux. Il s'agit même là d'une inversion puisque l'affichage publicitaire, subi par les passants, est ici remplacé par un affichage digital des sons captés dans l'environnement. C'est à nouveau l'activité humaine qui est mise en valeur, physique comme intellectuelle, dans un refus de la passivité, une incitation à exister. 


Annie Zimmermann, Revue Urbanisme, 2006


Helen Evans et Heiko Hansen forment le duo HeHe, qui vit et travaille à Paris. Tous deux ont suivi une formation en "Computer Related Design" au Royal College of Art de Londres, après différents cursus de design, scénographie et ingénierie. Travaillant sur les expressions de la lumière, de l'image et du son, ces deux artistes mènent des recherches sur les environnements urbains et architecturaux et sur les possibilités d'interaction avec leurs usagers.



Vidéos
2006        Nuage vert
2005        Tapis volant
2004        Bruit rose
2003        Miroir aux silhouettes
2001        Brix

Design et architecture
2006        Lampe pour fumeurs
2005        Atteindre le silence
2003        Bruit rose
2003        LoFi
2002        Light Brix
2001        Twilight
2000        Waiting signals