HeHe







Lighthouse, 2011

Commisioned for La Norville as part of the Festival Art & Science, Essonne


Ce n’est pas sans ironie que le duo HEHE nomme cet objet, maison solaire ou Lighthouse. De forme sommaire, polyèdre ou pentagone à quatre plans ramassés sur le sol est un abri protecteur, 100 % panneaux solaires. Son gabarit à saillies et à mobilité réduite est l’objet d’une performance et se présente en vitrine telle la promotion d’une invention technologique ou d’un produit innovant. Or, ce prototype constitué de panneaux photovoltaïques articulés, captant la lumière du jour pour la restituer la nuit en énergie électrique, est le résultat d’une démarche conceptuelle témoignant d’un processus d’adaptation : en imaginant les intégrer à l’architecture, en habillant les façades haussmanniennes de ces panneaux, serions-nous prêts à changer de décor ? Quel serait l’impact visuel des panneaux solaires sur notre environnement ? Le projet est utopique et développer un objet autonome en énergie répond à un certain idéal dont l’entreprise est plus compliquée qu’il n’y paraît. Avec Jacques Méot, conseiller et fabricant en énergie photovoltaïque en Essonne, ils ont conclu que la découpe des panneaux pour s’adapter à des surfaces en "ronde-bosse" requerrait d’autres moyens de production. A travers ce module à la forme  élémentaire, le duo HeHe a cherché à mettre en évidence le décalage entre ce désir pressant de voir se développer des objets autonomes en énergie, et les contraintes matérielles et esthétiques qu’imposent ces panneaux solaires, noirs et sans courbes.

Dans la vidéo retraçant une performance exécutée sur le lieu de création, les artistes ont cherché à rendre compte d’une lente évolution à travers la métamorphose d’un objet technologique n’ayant d’autres fonctionnalités que de traiter une question sociétale. C’est pourquoi ils ne créent pas d’objets, ils utilisent ceux qui existent déjà : utiliser le design est un moyen de problématiser, d’interroger la consommation en distinguant l’objet du produit et le produit de son usage. A travers le montage d’instantanés aux longs fondus enchaînés, on assiste à la simulation du changement de la lumière du jour et à la transformation de l’objet suivant le redressement du plan horizontal à la forme d’un toit à deux et quatre plans articulés pour finir en repli d’un abri primordial. Pour s’élever du sol, le mouvement s’accélère d’une légère impulsion, imitant un développement hybride, mi-animale mi-végétale. Le mouvement lent et continu rappelant le temps de charge des panneaux pour s’alimenter évoque aussi une harmonie retrouvée. Artistes militants, ils défendent une énergie technologique au service de l’homme, utilisée dans un but démocratique. Soucieux des rapports que l’homme peut entretenir avec son environnement, l’écologie étant au centre de leur démarche artistique, la technologie qu’ils déploient et détournent dans ce projet, est calquée sur une énergie biologique et anthropomorphe.


Text par Karine Maire



Lighthouse from HeHe on Vimeo.